domingo, 13 de septiembre de 2020

Notre-Dame du Nil

Notre-Dame du Nil (Folio, 2019)
par Scholastique Mukasonga
France, 2012

Rwanda, au début des années 1970.  Le lycée Notre-Dame-du-Nil, tout proche de la source du fleuve égyptien, est un lycée d'enseignement catholique consacré à << l'élite féminine du pays. >>  Quoique dix pour cent des élèves sont Tutsi selon le quota officiel, les tensions sont fortes entre les Hutu et leurs rivales en raison de la croyance des premiers que << le peuple majoritaire >> sont << les vraies Rwandaises >> et toutes les autres sont << des parasites >> (255).  Pas étonnant qu'un personnage remarquera: << Le Rwanda, c'est le pays de la Mort >> (274).  Dans ce roman, Scholastique Mukasonga (née au Rwanda en 1956) raconte une sorte de répétition générale du génocide de 1994 tandis qu'elle propose le portrait d'une génération qui disparaîtrait bientôt.  L'écrivaine m'a surpris avec le dynamisme de ce portrait.  J'ai aimé, par exemple, cette description torrentielle de la saison des pluies: << La pluie pendant de longs mois, c'est la Souveraine du Rwanda, bien plus que le rois d'autrefois ou le président d'aujourd'hui, la Pluie, c'est celle qu'on attend, qu'on implore, celle qui décidera de la disette ou de l'abondance, qui sera le bon présage d'un mariage fécond, la première pluie au bout de la saison sèche qui fait danser les enfants qui tendent leurs visages vers la ciel pour accueillir les grosses gouttes tant désirées, la pluie impudique qui met à nu, sous leur pagne mouillé, les formes indécises des toutes jeunes filles, la Maîtresse violente, vétilleuse, capricieuse, celle qui crépite sur tous les toits de tôles, ceux cachés sous la bananeraie comme ceux des quartiers bourbeux de la capitale, celle qui a jeté son filet sur le lac, a effacé la démesure des volcans, qui règne sur les immenses fôrets du Congo, qui sont les entrailles de l'Afrique, la Pluie, la Pluie sans fin, jusqu'à l'océan qui l'engendre >> (65-66).  Une seule phrase.  Une telle richesse!  En plus du côté descriptif de Mukasonga, j'ai aussi aimé la complexité de sa vision du monde.  Bien que la dualité Hutu/Tutsi devienne plus prononcée au cours du roman, Notre-Dame du Nil évite la simplification et son point de vue sur la modernité du Rwanda est peut-être mieux illustré par ce commentaire de Kagabo, un guérisseur, sur une sorcière qui allait aider une étudiante Tutsi en danger: << Nyamirongi parle avec les nuages >>, il dit, << mais elle n'a pas de transistor.  Il y a eu un coup d'État >> (266).  Formidable.


Scholastique Mukasonga au Rwanda en 2013
(photo: DR)

2 comentarios:

  1. I need to try one of Mukasonga's books sometime, this one or a memoir, but the subject matter - I would have to brace myself.

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    1. Not that it matters all that much given what we know of later Rwandan history, but much of the fictional trauma here is only hinted at or otherwise delayed until near the end of the book. Plenty of time to brace yourself until then. I would love to try Mukasonga's nonfiction at some point. Notre-Dame du Nil sure seemed remarkably assured for a first novel, though.

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